Vivre sa vie
Du 1er au 28 février 2023, Passion Cinéma présente 9 films inédits qui démontrent toute la capacité du septième art à se faire l’écho de nos vies. Ne manquez pas les avant-premières et séances en présence des cinéastes Laurent Wyss et Nikolaus Geyrhalter.
Dans l’un de ses textes lumineux dont il avait le secret, le regretté Pier Paolo Pasolini écrivait de la mort qu’elle effectuait le montage de notre vie, qu’elle fût accomplie ou non. Son recours à un terme cinématographique n’a rien de fortuit. Pourvoyeur inépuisable d’images-temps, le septième art jouit en effet de ce privilège de pouvoir ramasser toute une existence en peu de minutes, dans ce qu’elle a d’achevée ou d’inachevée, avec, en creux, l’idée si humaine de laisser une trace. La fortune rencontrée par le biopic en atteste: dès les débuts du cinéma, le film dit biographique est devenu un genre à part entière, aujourd’hui encore plus qu’hier. Pour son deuxième cycle de l’année, Passion Cinéma propose 9 films dont les titres expriment d’une façon ou d’une autre cette propension à faire de la caméra une véritable machine à explorer le temps, histoire de répondre à la question: qu’est-ce qu’une vie?
Le Caravage et Spielberg
A commencer par les biopics «Caravage» et «Erica Jong – Breaking the Wall». Idem pour Steven Spielberg qui, dans «The Fabelmans», revient sur son enfance et sa vocation impérieuse de cinéaste. Avec le vertigineux «La Femme de Tchaïkovski», le dissident Kirill Serebrennikov décentre littéralement le film biographique pour portraiturer l’épouse factice mais amoureuse à en mourir du grand compositeur. Parfois le temps se contracte, au point que la vie se comprime littéralement dans un seul et ultime acte qui permet de s’accomplir («Last Dance») ou de se détruire («Peter K. – Seul contre l’Etat»). Ou alors se suspend, formant une parenthèse enchantée qui encourage à rêver à ce que l’on voudrait devenir («Sous les figues»).
Les mémoires d’un âne
A l’opposé, l’incroyable documentaire «Matter Out of Place» nous signifie que le compte à rebours s’est déjà épuisé et que les traces que nous laisserons de notre passage sur terre ne parleront guère en notre faveur. Pourra en témoigner l’âne «Eo», protagoniste inoubliable du premier chef-d’œuvre de l’histoire du cinéma antispéciste, un film aussi inouï que radical dû à l’octogénaire Jerzy Skolimowski.