Tucker

de Francis Ford Coppola
avec Jeff Bridges, Joan Allen, Martin Landau, Frederic Forrest, Elias Koteas, Christian Slater, Lloyd Bridges, Dean Stockwell, etc.

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      Dans l’immédiat après-guerre, Preston Tucker a cru atteindre la gloire en créant seul une voiture révolutionnaire. Prises de court, les grandes compagnies automobiles étouffèrent sa création dans l’œuf, ou presque — seules 50 vraies Tucker ont pu sortir d’usine et roulent encore aujourd’hui. A la fois grand naïf, manipulateur génial et entêté jusqu’à la stupidité, ce «self-made man» est le héros type du modèle américain. Acteur suicidaire d’une guerre économique intérieure sans merci, Tucker s’est confronté à Ford, Chrysler ou General Motors, tout comme Coppola a affronté les grands studios de Hollywood. Ce parallèle n’a rien de gratuit: même goût irrationnel pour la technique, pour l’innovation, même folie de la démesure et des paris insensés — «Des bas-fonds à la richesse, c’est la raison de vivre de notre pays», dit Tucker. Quand il saisit la trajectoire de cet alter ego, Coppola la sublime autant qu’il la ridiculise: dialectique et contradictoire, il filme son personnage comme dans un spot publicitaire d’une heure cinquante, en fait le stéréotype du fameux rêve américain dont lui-même a aussi été la victime consentante… Fascinant!
      TUCKER: THE MAN AND HIS DREAM, Etats-Unis, 1988, couleur, 1h46, programme n°65