The Color of Paradise

de Majid Majidi |
avec Mohsen Ramezani, Hossein Mahjoub, Salime Feizi, Elham Sharifi, Farahnaz Safari, etc.


D’emblée, «La Couleur du paradis», sixième long-métrage, de Majid Majidi s’ouvre sur une scène clef: élève à l’Ecole des jeunes aveugles de Téhéran, Mohammad, huit ans, apprend à lire en braille, guidé par les rythmes sonores très spécifiques produits par son déchiffrement virtuose. À l’écoute des bruits du monde, Moahmmad va constamment l’interpréter selon cette «grille» de rythmes. Cette volonté perpétuelle de recomposition du sens à partir des sons donne matière plusieurs scènes extraordinaires qui, à elles seules, légitiment déjà complètement l’entreprise cinématographique de Majidi — ainsi, écoutant un pivert taper contre un tronc avec son bec, Mohammad croit pouvoir entrer en communication imaginaire avec l’oiseau. À cette communication bienheureuse (qui fait parfois penser à la «béatitude» de Saint-François d’Assise), le cinéaste oppose un réel terriblement trivial et cruel qui, à la longue, aura raison de l’innocence de l’enfance. Veuf, le père de Mohammad songe à se remarier, mais le fait d’avoir un fils aveugle fait fuir les «prétendantes». Le temps des grandes vacances, il décide d’éloigner l’enfant «inavouable» en le cachant chez sa grand-mère…
RANG-E KHODA, Iran, 1999, couleur, 1h30; programme n°87