Robot & Frank

Sundance 2012, Prix Alfred P. Sloan | Deauville 2012, film d’ouverture |
de Jake Schreier |
avec Frank Langella, Susan Sarandon, James Marsden, Liv Tyler, etc.


Ancien braqueur, Frank est retraité. Acariâtre, dépressif et kleptomane, il habite seul dans une grande maison aux abords d’une petite ville coquette. Hélas, la mémoire de ce vieux briscard flanche. Il oublie que son restaurant préféré a fermé et qu’il est divorcé. Inquiet, son fils lui impose… un robot aide-soignant! Ménage, jardinage, cuisine, la machine pensante se démultiplie pour faciliter le quotidien du vieil homme qui, en retour, ne lui cache pas son hostilité. Véritable auxiliaire de vie, le robot fait cependant le dos rond, jusqu’au jour où Frank lui avoue sa passion irrésistible pour la serrurerie, ce qui lui a valu quelques années de prison et brisé sa vie familiale… Réalisateur diplômé de la prestigieuse NYU Film School, Jake Schreier s’était jusqu’ici commis à des pubs et des clips vidéo. Introduisant un parallèle révélateur entre la mémoire de l’homme, très faillible, et la mémoire artificielle, effaçable à merci, il nous livre aujourd’hui un premier long-métrage en forme de comédie d’anticipation douce-amère, située dans un avenir plutôt proche, qui questionne les limites de l’âge et notre dépendance aux «prothèses technologiques». A travers la relation entre un androïde plutôt émouvant et un vieillard sur le déclin incapable de renouer avec ses pairs, «Robot & Frank» nous rappelle que, lorsque le cerveau humain se déconnecte lentement, il le fait de façon d’autant plus traumatisante. Porté par le trop rare Frank Langella («Frost/Nixon»), idéal dans ce rôle de grand-père rebelle, ainsi que par une Susan Sarandon à la nostalgie contagieuse, ce film constitue une œuvre pleine de tendresse, oscillant entre le cinéma de genre et l’étude de caractères. Un conte philosophique sur la déshumanisation liée au progrès.
ROBOT AND FRANK, Etats-Unis, 2012, couleur, 1h30, programme n°178