Ponette
de Jacques Doillon |
avec Victoire Thivisol, Delphine Schiltz, Matiaz Bureau Caton, Marie Trintignant, etc.
En accordant le «prix d’interprétation» à une enfant de quatre ans, les membres du jury du Festival de Venise 1996 ont certes commis une grande maladresse (à l’égard des «vrais» acteurs); ils ont toutefois contribué à mettre en valeur l’aspect exceptionnel du film de Jacques Doillon — qui rappelle sur plusieurs points le sublime Freaks (1932) de Tod Browning qui, le premier, fit jouer des «monstres» et des «infirmes» (mongols, culs-de-jatte, sœurs siamoises, etc..) dans un grand studio américain. Âgé de quatre à cinq ans, le groupe d’enfants qui forment le cercle de Ponette commence en effet tout juste à savoir s’exprimer par les mots! Ayant perdu sa mère dans un accident de voiture, Ponette (Victoire Thivisol) ne peut admettre sa disparition et aucune des explications des adultes qui l’entourent ne peuvent venir à bout de ce terrible «mystère». Avec toute la force têtue de ses quatre ans et ce verbe en train de naître en elle, elle s’efforce de joindre l’acte à la parole en faisant revenir sa mère d’entre les morts… Sublime, au sens «kantien» de dérangeant, de déboussolant!
France, 1996, couleur, 1h37; programme n°68