Passage(s) à l’acte
Du 2 septembre au 13 octobre, Passion Cinéma présente 13 longs-métrages qui placent leurs personnages dans des situations limite. Ne manquez pas ces films inédits, les présences des cinéastes, ainsi que tous les événements qui raniment le cinéma… au cinéma!
Passage(s) à l’acte
En cette époque singulière où la réalité semble dépasser la fiction, nous avons plus que jamais besoin que le cinéma nous réapprovisionne en films salvateurs. Pourquoi salvateurs? Parce qu’ils nous contraignent en toute intelligence à repenser notre rapport à autrui et à peut-être renouer avec l’horizon des possibles. Les 13 titres du nouveau cycle de Passion Cinéma ont ceci de commun que leurs protagonistes sont tou·tes confronté·es à des situations limite, extrêmes ou terriblement complexes, débouchant sur de véritables dilemmes qui exigent tôt ou tard un passage à l’acte. Les un·es comme les autres s’efforcent de trouver des solutions, y réussissent parfois, échouent le plus souvent.
Seconder le monde
Peut-on effacer l’historique, se demandent les personnages précarisés du film de Kervern et Delépine? Doit-on vraiment expulser ce réfugié qui risque la mort dans son pays, s’interroge l’agente de «Police» d’Anne Fontaine? Comment «seconder le monde avec l’écriture» (comme disait Franz Kafka) sans le trahir, s’interpelle l’anti-héros de «Martin Eden» de Pietro Marcello? Le bonheur se résume-t-il à vivre en autarcie replète, dans le déni confortable des souffrances et de la misère d’autrui, ce à quoi se refusent les bénévoles de «Volunteer»? Faut-il guider ces alpinistes fortunés sur des sommets considérés comme «sacrés», se taraudent les sherpas du documentaire «Le Mur de l’ombre» de Eliza Kubarska? Ondine, la merveilleuse héroïne du film de Christian Petzold, est-elle obligée de se plier au mythe qui paraît fonder son existence?
Se prendre en main
D’autres films font de la maladie ou d’une circonstance dramatique un régénérateur audacieux de nos vitalités refoulées ou assoupies, à l’instar de la protagoniste du poignant «Petite Sœur» de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond. Idem pour les orphelins de «Just Kids» bien forcés de se prendre en main. Bien sûr, ce n’est que du cinéma, mais sa complexité bruissant d’interrogations a peut-être le don «de seconder le monde», pour en revenir à Kafka.