Le Dictateur
de Charles Chaplin |
avec Charles Chaplin, Paulette Godard, Jack Oakie, Henry Daniell, Reginald Gardiner, etc.
En 1940, Charlie Chaplin consent enfin au cinéma parlant (soit 13 ans après l’apparition du son). De manière paradoxale, il accomplit ce passage guidé par le sentiment de l’urgence: en homme «de bonne volonté», il met tout son génie comique au service d’un idéal et s’attaque à tout ce que représente Hitler avec une verve extraordinaire. Discours engagé, son film ne peut plus jouer sur le seul «slapstick» muet (burlesque), sa démonstration a besoin de la parole car le totalitarisme constitue d’abord un fait de langage — lutter contre lui revient à parler contre lui; ce faisant, l’auteur des «Temps modernes» (1936) réalise sa première «vraie» comédie (dès lors qu’on définit celle-ci comme un genre essentiellement parlant). André Bazin, personnage essentiel de l’histoire de la critique de cinéma, explique le geste de Chaplin de manière géniale. A bien entendre Bazin, Le Dictateur procède d’une volonté de vengeance légitime. «Charlot» lave l’affront que lui fit Hitler en empruntant de façon bien imprudente sa moustache; en le ridiculisant sous les traits de Hynkel, il lui fait payer très cher son emprunt et nous lègue un chef-d’œuvre définitif: tout totalitarisme est une monstruosité grotesque!
THE GREAT DICTATOR, Etats-Unis, 1940, noir et blanc, 2h05; programme n°29