Le Cuisinier, le Voleur, sa Femme et son Amant
de Peter Greenaway |
avec Richard Bohringer, Michael Gambon, Helen Mirren, Alan Howard, etc.
De fait, le cinquième long métrage «traditionnel» de Peter Greenaway reprend, pour l’amplifier, le discours critique qui, subtilement, innervait «Le Ventre de l’architecte»; lequel discours portait sur la fonction assignée à l’Art par et dans notre société. Œuvrant dans un restaurant luxueux, le Cuisinier apprête avec génie une nourriture raffinée que bâfrent le Voleur et ses séides attablés. Le Cuisinier, dégoûté, supporte pourtant leurs assauts répétés de vulgarité… c’est dans son intérêt, vu que le restaurant appartient au Voleur; comprenez alors qu’il «couvre» sans hésitation la Maîtresse du Voleur, lorsque celle-ci se réfugie dans les toilettes pour aimer à la sauvette un bibliothécaire juif… qui finira sur assiette!
La métaphore frappe par son évidence: argent et pouvoir ont dévoyé la culture, souillé l’innocence, tué l’amour; toutefois, en représentant une manière de répertoire des «dégoûtations» sensées révulser, révolter, Greenaway, avec délices, semble-t-il, donne dans la Contradiction — qui, après tout, est peut-être à l’origine de l’Art! en effet, à représenter avec tant de fastes l’innommable, le cinéaste nous le rend supportable, voire parvient à nous en faire jouir.
THE COOK, THE THIEF, HIS WIFE AND HER LOVER, Grande-Bretagne / France, 1989, 2h04,
couleur; programme n°7
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