La Sentinelle

de Arnaud Desplechin |
avec Emmanuel Salinger, Thibault de Monialembert, Jean-Louis Richard, Valérie Dréville, Marianne Denicourt, etc.

«La Sentinelle» est le premier long métrage du jeune réalisateur français Arnaud Desplechin. La sentinelle, c’est Mathias Barillet, un jeune Français habitant en Allemagne, qui vient à Paris étudier la médecine légale. A la frontière, il se fait littéralement violer par un mystérieux policier, Bleicher, avant de découvrir dans ses bagages la tête, momifiée, d’un inconnu. Plongé immédiatement, avec force violence, dans un récit tortueux et torturant, le spectateur n’a donc de cesse de comprendre le pourquoi de ces soupçons d’espionnages, d’Est en Ouest, de morts et de vivants. Mais Arnaud Desplechin, à travers son personnage principal, ne répond pas (du moins pas tout de suite) à ces questions; il installe entre Mathias et le spectateur une forme de connivence du savoir, puisqu’ils sont seuls à connaître l’existence de cette tête. De cette connivence naît ainsi leur désir commun de voir un peu de chair (dans tous les sens du terme) apparaître sous le scalpel de la dissection. Et c’est à travers ce cadavre de tête, morceau de mémoire morte, que la caméra clinique de Desplechin s’attachera à révéler un peu de l’âme de son imperturbable «sentinelle».
France, 1992, 2h24, couleur; programme n°11