«Histoires sans fin»

    Caméra-stylo, programme n°198 |

      Dès le 2 septembre, Passion Cinéma présente un cycle de films inédits en partenariat avec le Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel. L’occasion d’un tour d’Europe historique et politique à travers sept films révélateurs de la diversité d’approche des cinéastes en la matière. De la reconstitution du Paris des années 1920 dans «Marguerite» aux délires bibliques du «Tout Nouveau Testament», en passant par l’Espagne postfranquiste de «La Isla mínima» et les plaies béantes du nazisme dans «Amnesia», voyagez dans le temps et découvrez une fresque unique de l’histoire récente du Portugal à travers la trilogie «Les Mille et Une Nuits», proposée en présence de Miguel Gomes.

      cameraStylo_198_WEB

      Dès ses premiers tours de manivelle, le cinéma s’est emparé de l’Histoire, multipliant les reconstitutions de faits historiques tels l’assassinat du Duc de Guise, la Passion du Christ ou l’affaire Dreyfus, mise en scène en 1899 par Georges Méliès, alors même que l’innocence du malheureux capitaine n’avait pas encore été établie! Dans le développement de cette relation ambiguë, la Première Guerre mondiale a joué un rôle essentiel, faisant perdre au septième art son innocence native.

      Le marqueur de l’Histoire

      Quelques mois après l’ouverture des hostilités, Lord Balfour, ministre anglais des Affaires étrangères, ne s’y était d’ailleurs pas trompé en déclarant que les films étaient désormais «beaucoup plus qu’une source de plaisir», sous-entendant ainsi leur formidable potentiel en matière de propagande. Avec la Grande Guerre, le cinéma est devenu un marqueur plus ou moins fiable du temps historique, qu’il procède d’une immédiateté dont il faut apprendre à se méfier ou d’un révisionnisme parfois pavé de trop bonnes intentions.

      Seul Charlot…

      Tournés loin du front, dans des tranchées reconstituées, les films tournés entre 1914 et 1918 furent presque exclusivement patriotiques, destinés à légitimer l’engagement des Etats belligérants, en donnant un sens au sacrifice absurde et inutile de millions de soldats. Très vite, les cinéastes ont compris que cette guerre était en soi mortellement ennuyeuse et ont donc instillé dans leurs œuvres de propagande des éléments mélodramatiques, voire parfois comiques, pour ne «pas laisser sortir le spectateur de la projection avec un mauvais goût», comme l’a si joliment écrit Jeffrey Malins, le responsable du Service cinématographique des armées britanniques de l’époque. Seul Charlie Chaplin s’enhardit à remettre en question ce terrifiant consensus avec «Charlot soldat» (1918), pariant à raison que personne n’oserait suspecter son vagabond universel de haute trahison!

      Pacifisme prudent

      Il faudra attendre la fin des années 1950 pour que les Joseph Losey, Francesco Rosi et autre Stanley Kubrick s’en prennent aux nationalismes exacerbés par l’ambition de galonnés égocentriques… Donnée par Passion Cinéma dans le cadre de l’exposition «14/18 – La Suisse et la Grande Guerre» du Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel, la conférence intitulée «Le cinéma et la Première Guerre mondiale» permettra, avec de nombreux extraits de films à l’appui, de mettre en lumière les accointances plus ou moins honorables du septième art avec l’Histoire… Qu’on se le dise!

      Vincent Adatte

      «La Première Guerre mondiale et le cinéma»

      Conférence «Passion Cinéma»
      Jeudi 24 septembre, 18h30,
      Musée d’art et d’histoire, entrée libre