Grindhouse – Boulevard de la mort

Cannes 07, en compétition
de Quentin Tarantino
avec Kurt Russell, Rosario Dawson, Jordan Ladd, Rose McGowan, etc.


Sélectionnée en compétition à Cannes, la dernière provoc en date de Quentin Tarantino constitue un hommage pince-sans-rire à une pratique de consommation cinématographique aujourd’hui disparue: le double programme. Aux Etats-Unis, le terme «grindhouse» a longtemps désigné un cinéma permanent à un seul écran, ouvert quasiment 24 heures sur 24 et passant en boucle un double, voire triple programme. En vogue jusqu’au début des années 70, ce genre de salle était fréquenté par une faune sans doute très pittoresque, trouvant là un abri provisoire souvent bienvenu (et chauffé en hiver). Par extension, «grindhouse» a été ensuite accolé à tout double programme constitué de deux films fauchés, qui était aussi projeté dans les «drive-in».

Né en 1963, Tarantino a peut-être expérimenté dans sa prime enfance les sensations brutes de décoffrage de ces navets avoués comme tels (une sincérité désarmante dont sont parfaitement dépourvus les blockbusters actuels). Avec son compère Roberto Rodriguez, le réalisateur de «Kill Bill» (2004) s’est lancé dans la confection subversive d’un «grindhouse», le Mexicain réalisant «Planet Terror», le Texan «Boulevard de la mort». Aux Etats-Unis, les distributeurs ont diffusé cet hommage dans sa forme originelle. En Europe, les deux films vont être montrés séparément. Tarantino en a profité pour élaborer une nouvelle version de sa contribution… «Boulevard de la mort» narre les battues d’un tueur en série interprété par Kurt Russel. Ce dernier se déplace à bord d’une voiture conçue pour résister à n’importe quel choc frontal. Slasher mâtiné d’Hitchcock et de Dreyer dit-on, le sixième long-métrage de l’auteur de «Pulp Fiction» (1994) ne laisse pas d’intriguer!
GRINDHOUSE – DEATH PROOF, 2007, Etats-Unis, couleur, 1h53, programme n°143