Grigris
N’DJAMENA
Cannes 2013, en compétition
de Mahamat-Saleh Haroun
avec Souleymane Démé, Anaïs Monory, Cyril Gueï, etc.
Unique réalisateur tchadien en exercice, seul cinéaste africain bien présent à Cannes ces dernières années, Mahamat-Saleh Haroun poursuit une œuvre indispensable dédiée au quotidien de son pays miné par l’héritage du colonialisme et une guerre civile incessante. Après «Daratt» (2006), il nous avait subjugués avec «Un Homme qui crie» (2010), Prix du Jury à Cannes, qui racontait l’histoire d’un maître-nageur dans un hôtel de luxe à N’Djaména… Film noir tourné dans les bas-fonds de la capitale tchadienne, «Grigris» est un joyau de la même eau rugueuse. Grigris, c’est le surnom d’un jeune homme de 25 ans avec une jambe paralysée qui, pour gagner sa vie, danse dans les discothèques en tirant avantage de son handicap, se livrant à de fabuleuses chorégraphies, quasi mécaniques mais ô combien sensibles! Las, Grigris se retrouve bientôt empêtré dans un trafic d’essence… Grâce à une utilisation toujours lumineuse du format scope, Mahamat-Saleh Haroun isole son personnage dans les nuits poussiéreuses de N’Djaména et illustre, à travers son parcours courageux, toute la complexité des enjeux socio-économiques et religieux de l’Afrique contemporaine, désormais très urbaine. Appariant ainsi film de genre et fable sociale, le cinéaste ose un éloge sidérant de la solidarité.
Tchad / France, 2013, couleur, 1h41, programme n°184