Au fil du temps
de Wim Wenders |
avec Rüdiger Vogler, Hanns Zischler, Lisa Kreuzer, Rudolf Schündler, Marquard Bohm, etc.
Après «Alice dans les villes» (1974) et «Faux mouvement» (1975), Wenders achève avec «Au fil du temps» (1976) la trilogie qu’il a consacrée à l’identité sans mémoire des Allemands (de l’Ouest) de sa génération. Tourné en roue libre durant onze semaines, sans scénario ou presque, tirant souvent sa substance narrative des aléas et imprévus du tournage même, «Au fil du temps» est devenu au jour d’aujourd’hui un film culte qui reflète le désenchantement des années septante; un désenchantement encore plus ressenti en RFA, terre du grand refoulé accompli par toute une jeunesse de l’après-nazisme, «qui n’a pas eu de pères, mais seulement des grands-pères»! Avec un humour constant et un immense talent de cinéaste, Wenders pervertit le vieux fond du western pour raconter une «histoire d’hommes» fragiles — un pédiatre en rupture de ban et un projectionniste itinérant — qui tout au long de l’Elbe (à l’époque fleuve frontière entre les deux Allemagnes) s’efforcent de rassembler les pauvres morceaux d’une identité partie en lambeaux.
IM LAUF DER ZEIT, RFA, 1976, noir et blanc, 2h56; programme n°80