Après mai

Venise 2012, Prix du scénario
de Olivier Assayas
avec Lola Créton, Carole Combes, Clément Métayer, Felix Armand, etc.


Depuis «Dans le désordre» (1986), le cinéaste français Olivier Assayas développe une œuvre cinématographique à nulle autre pareille, partagée entre des descriptions brillantes et acérées des contradictions de la globalisation («Demonlover», «Boarding Gate», «Clean») et des évocations plus intimes, à la lisière de l’autobiographie («L’Enfant de l’hiver», «L’Eau froide», «L’Heure d’été»). Quatorzième long-métrage de son auteur, «Après mai» procède de la seconde veine, mais avec une ampleur chorale inédite, parfois même épique, qui en fait sans conteste l’un des grands films à costumes de ces dernières années… En 1971, ils sont lycéens dans une morne banlieue parisienne. Ils sont juste trop jeunes pour avoir connu les barricades, mais tentent quand bien même de faire perdurer l’effervescence de mai 68, de ne pas abdiquer devant le conformisme ambiant. Alter ego très manifeste du cinéaste, Gilles (Clément Métayer) s’efforce avec ses camarades de perpétuer cet héritage bouillonnant, tiraillé entre engagement collectif en voie de dévoiement et aspirations personnelles qui décideront d’une vie. Sans jamais céder à l’ironie facile de celui qui sait ce qu’il va advenir des rêves portés par cette époque, et encore moins à la nostalgie compassée, Assayas porte sur sa génération un regard remarquable de lucidité, de clairvoyance. Partant, il signe un grand manifeste stimulant et rétroactif qu’il adresse à la jeunesse du jour, celle qui semble avoir entièrement basculé dans la société du spectacle et «n’y peut plus rien»!
France, 2012, couleur, 2h02, programme n°179