Mondovino

Cannes 04, Compétition | En première suisse |
de Jonathan Nossiter |
avec Rober Parker, Michel Rolland, Hubert de Montille, Aimé Guibert, etc.


Réalisateur indépendant américain, Jonathan Nossiter s’est fait connaître en réalisant deux longs-métrages de fiction remarquables, «Sunday» (1997) et l’étonnant «Signs & Wonders» (2000) avec Charlotte Rampling. Avant d’embrasser la carrière de cinéaste, Nossiter a travaillé comme œnologue et sommelier pour des restaurants new-yorkais prestigieux… Dans l’indispensable «Mondovino», il réunit ses deux grandes passions, se servant du cinéma pour défendre la cause du vin menacé selon lui par l’uniformisation du goût inhérente au processus de globalisation économique initié par les Etats-Unis. Pendant trois ans, sans aucun financement, Nossiter court la planète viticole avec une petite caméra digitale et tente d’établir le constat d’un désastre annoncé. Sans surprise, il en désigne les auteurs et surtout démonte leur stratégie de conquête qui passe, hélas, par l’imposition massive de leur conception du vin. Dans ce complot qui sent le bouchon, le critique américain vedette Robert Parker tient bien évidemment un rôle de premier plan. Son influence est telle que les producteurs n’hésitent pas à modifier leurs techniques de vinification pour s’attirer ses faveurs! Avec une science très sûre du montage, Nossiter alterne les déclarations bouffies de certitudes des conquérants (qui ont sans doute déjà gagné la partie) et les témoignages des vignerons qui persistent à croire que le vin ne doit pas être réduit à une affaire purement commerciale. L’humour a aussi sa place avec une illustration répétée et combien pertinente de l’adage «tel chien, tel maître»! Bref, ne manquez sous aucun prétexte ce beau film crépusculaire, parfois déchirant, qui aurait mérité cent fois de remporter la Palme d’Or à Cannes. Las, on lui a préféré un «Farenheit 9/11» autrement convenu!
Documentaire, France, 2004, couleur, 2h15, programme n°123