Thirst, ceci est mon sang

A voir jeudi 31 octobre 2013 à 23h50 sur Arte |

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Dans la douceur de l’été 2007, le NIFFF nous a familiarisés avec l’univers singulier du réalisateur sud-coréen Park Chan-wook, auteur vénéré par un certain Quentin Tarantino. A l’occasion d’une rétrospective partielle de son œuvre, nous avons pu découvrir, pantois, sa fameuse trilogie de la vengeance, trois vendettas privées dont la violence surréelle répond à la cruauté du modèle économique néo-libéral prévalant dans son pays. Après la parenthèse de «Je suis un Cyborg», comédie pop empreinte de folie douce, mais taillant néanmoins de jolies croupières à l’institution psychiatrique, ce cinéaste actif depuis 1992 revient aujourd’hui à ses fondamentaux avec «Thirst, ceci est mon sang» où il recouvre tout son goût pour les rédemptions tordues.

Pour mémoire, le christianisme est avec le bouddhisme l’une des deux religions dominantes en Corée du Sud. Comme on le verra, cette forte imprégnation religieuse confère au treizième long-métrage de Chan-wook une dimension iconoclaste assez intense dans sa manière d’apparier dolorisme judéo-chrétien et vampirisme déjanté. En proie à un profond doute sur le sens de sa mission, un prêtre nommé Sang-hyeon déserte sa paroisse. Défroqué, il se porte volontaire pour tester un vaccin contre un virus africain mortifère, qui a le don de le transformer en vampire buvant le sang de ses ouailles à satiété. Au détour de l’une de ses équipées mordantes, l’ex-homme d’église s’amourache de la jeune épouse manipulatrice de l’un de ses amis d’enfance…

Prix du Jury très discuté à Cannes en 2009, ce film au sadisme parfois éprouvant donnera quelques vapeurs au spectateur lettré qui y verra, à raison, une adaptation absolument libre de «Thérèse Raquin», le premier grand roman d’Emile Zola, dont Chan-wook recycle l’intrigue de façon très téméraire! Partisan déclaré d’une forme impure, le réalisateur de «Old Boy» éclate littéralement les genres, passant sans crier gare du drame intimiste au fantastique le plus échevelé ou au «gore» franchement burlesque frisant le «cartoon». Certains crieront très vite grâce devant ces ruptures de style virtuoses mais répétées ad libitum, mais les aficionados y trouveront sans nul doute matière à renouveler leur admiration. C’est selon.

Bakjwi
de Park Chan-wook
Corée du Sud, 2009, 2h13