La Mirada invisible
Cannes 2010, Quinzaine des réalisateurs | San Sebastián 2010, Horizons latinos
de Diego Lerman |
avec Julieta Zylberberg, Osmar Núñez, Marta Lubos, Gaby Ferrero, etc.
Adapté du roman «Ciencias morales» de Martín Kohan, «La Mirada invisible» part d’une école pour décrire les mécanismes dictatoriaux du régime argentin qui sévit de 1976 à 1983. Elle-même lieu d’autorité, l’école s’avère être le vecteur idéal d’un hors champ saisissant… En 1982, au Lycée National de Buenos Aires, institution reconnue pour sa libéralité et son érudition, on forme l’élite, c’est-à-dire les «fils et les filles de» qui grossiront la classe dirigeante de demain. Alors que les rues de la capitale argentine sont à la contestation de la dictature militaire, Monsieur Biasutto, surveillant en chef, engage une jeune femme âgée de 23 ans nommée María Teresa pour devenir «La Mirada invisible», «L’Œil invisible»: celle qui voit tout, entend tout et échappe aux regards des autres. María se lance dans une surveillance et une traque acharnées. Filmant les élèves qui marchent au pas, le réalisateur argentin Diego Lerman traite de la paranoïa instaurée par le régime totalitaire, de manière détournée et à la faveur d’acteurs époustouflants. En effet, l’auteur de «Tan de Repente» (2003) laisse petit à petit les bruits extérieurs de la contestation atteindre l’enceinte stricte et militaire du Lycée. De son côté, María Teresa a tout pour qu’on la haïsse: elle est froide et capable des pires atrocités. Eblouissante de profondeur, l’actrice Julieta Zylberberg parvient cependant à susciter la compassion liée à sa solitude. «La Mirada invisible» donne alors à voir en hors champ un tableau nuancé du totalitarisme sur le déclin.
L’ŒIL INVISIBLE, Argentine / France / Espagne, 2010, couleur, 1h37, programme n°165